jeudi 27 mai 2010

TIEFSCHWARZ – Chocolate

 



Alexander et Sebastian Schwarz sont deux frangins qui assurent avec classe le maintien de l’élite électronique allemande depuis de nombreuses années sous l’étiquette TIEFSCHWARZ. Leur dernier album « Chocolate », sorti sur leur label Souvenir Records avec l’appui éclairé de Philipp Meier alias Santé à la production, en est encore une fois la preuve incontestable: le chocolat apaise le chagrin et Tiefschwarz, ça tue !

Dès l’intro de ce nouvel album, nous plongeons dans un monde féérique digne des meilleurs contes des frères Grimm, entre la noirceur d’un chocolat amer et la douceur enfantine d’un Kinder Schokolade. 

L’onirisme Tiefschwarzien s’ouvre donc avec le meilleur titre de l’album selon moi :  Home. Ici Hänsel et Gretel ont depuis longtemps transformé la maison de sucreries en home studio high-tech d’où émanent des rythmiques tech-house frétillant allègrement sur de sublimes et hypnotiques basslines deep house, le tout enrichi de la voix sensuellement lancinante de Daniel Wilde. On croirait presque que Matthew Dear est planqué derrière les machines mais non. On poursuit la sorcellerie sonore des frangins Schwarz avec des titres bien plus chamaniques (Kraft, Legends, Black Tick). Mention spéciale pour l’accrochante mélodie de Legends, tout en subtilité d’arpéges de cordes, d’une flûte traversière totalement enchantée et de résonances percussives tantôt métalliques tantôt sèches. Du grand Art, de la praline.

Arrive ensuite la 2ème collaboration de cet album : Dave Aju. Sur le morceau I can’t resist, les paroles seules servent à comprendre l’humeur voodoo-isante du track (« my mind is open, my body is floating, my soul is smoking for you »). Le tout relevé à la sauce déjantée made in Aju:  froissements d’osselets, claquements de portes imaginaires et hululements animistes de fantômes sous mescaline. Véritable chocolat noir au piment. What you want nous ramène ensuite lentement à la surface et nous achemine avec volupté vers Bon Voyage qui achève de nous balader dans une clairière fertilisée par toutes les épopées sentimentales d’une jeune vie. On a juste envie de poser sa tête contre le hublot et regarder la route se tracer toute seule en laissant fondre le gianduja sur sa langue. Trust nous réveille assez brusquement avec le groove quasi Yiddish de ses clarinettes, entremêlés de xylo africanisants et de cordes symphoniques tardives. La moustache de Seth Troxler chatouille le micro, ses babines ont léché la production, et au final de ce joyeux bordel naît un titre que l’on pourra comparer à un chocolat aux amandes grillées : étrangement raffiné et délicat. Babel nous achemine ensuite avec douceur vers la 4ème et dernière collaboration de cet album : Find Me. Ici Cassy immisce sa voix sur un titre tout en murmures minimalistes, revers de contrebasses gondolées et échos flottants tels des spectres perdus dans une maison hantée. Le groove est incontestable, la finesse de la production aussi et son analyse complète en devient presque insultante pour la profondeur du morceau. Stones nous laisse résonner quelques bulles dans les tympans sans grand impact. Mais The Whistler relève nettement le niveau avec un killer-track digne de Nôze où des merles joyeux sifflotent obsessionnellement sur une bassline très proche du Crescendolls des Daft Punk, le tout appuyé par des roulements fanfaronnants. Le groove est indéniablement là, la mélodie entêtante aussi, les pieds dansent touts seuls, l’esprit s’évade, le bonheur est en éveil, c’est le pétillement de la liqueur au cœur du chocolat. Scherbenbringenglück nous laisse subtilement entrevoir un inquiètant coin de jungle qui vient rapidement se bonifier sur les orchestrations filmographiques d’un Accordage très dub.
Et nous terminons cette grosse tablette de Chocolate sur 12am, tout en profondeur et en rythmiques noires. Comme une plongée enivrante au cœur du cacao.

Alors face à cet album, je vous dis, Messieurs Schwarz, Merci pour le chocolat.

Fred.





5 commentaires:

Unknown a dit…

j'en ai l'eau à la bouche

Thomas H a dit…

comme je le disais tout à l'heure à notre ami gg la bonne tambouille, tiefschwarz c'est les types que j'attendais pas et qui m'ont bien surpris!

nice review!

Fred V/ a dit…

Et comme je le dis souvent à mon miroir La Tuerie c'est des types que je n'attendais pas et qui m'ont bien surpris aussi
Merci d'aimer ma plume les gars :-)

Julien Lafond-Laumond a dit…

Pareil que Thomas, j'attendais pas grand chose de cet album et je me surprends à l'écouter régulièrement. Très bien foutu et bien de saison.

g_selektor a dit…

Oui de saison, c'est le mot !