itw#1: Kaneel

A l'occasion du nouvel album de Kaneel ,Here is a heart so you can remember how much I hate you, j'ai décidé d'inaugurer une nouvelle rubrique interview (ou plutôt entretiens) sur La Tuerie. Une nouvel rubrique pleine de posts d'une longueur affligeante, je prends ainsi le risque de m'aventurer là où les blogs sont les plus mauvais. Les articles de fond.

Kaneel, si vous êtes un lecteur assidu, ça doit vous dire quelque chose. Le producteur rouennais exilé depuis peu à Paris (toujours le même débat résolu par notre plus fidèle lecteur, Olivier P: "Paris fait la France mais la province fait Paris") a sorti il y a peu un nouvel album sur le label Petite&Jolie, un album bien plus aboutit et accessible que les précédents toujours emprunt de naïveté et de mélancolie, toujours ce son Kaneel.

Difficile de définir sa musique, c'est ce qu'à tenté de faire le blog qui gagne de plus en plus en respect Chroniques Electroniques en la qualifiant d'"electronica".

C'est un terme un peu fourre tout, qui pourrait aussi dire trop lisse pour certains lecteurs

Le garçon est très pointilleux. Chaque détail semble compter, et ça se ressent d'ailleurs dans sa musique.

C'est toujours un peu particulier une chronique... Pas forcément facile à lire... Tu te dis que parfois les gens entendent pas forcément les choses, voient pas les détails comme toi parce que tu as "vécu" une partie de ta vie en écoutant ces morceaux.

Il concède cependant que cette chronique lui a fait plaisir, n'allez pas croire que Kaneel est un de ces types prétentieux. Je trouve même au fil de l'entretien que ce soucis du détail l'amène vite à se sous-estimer et à perdre confiance en lui.

Il y a ceux qui se sous-estiment et ceux qui se sur-estiment. Moi j'hésite encore à savoir ce que je suis. Je ne traine pas avec beaucoup de musiciens, je suis un peu "seul dans mon monde".

Mais finalement tout ça ne me dit pas comment Kaneel appèlerait sa musique.

De la musique électronique? J'aime bien le vice de préciser que c'est de la musique digitale ou d'ordinateur. Electronica s'utilise aussi pour de la techno un poil générique/chill. Après c'est des termes obscurs: toytronica / melodica / naivetronica et tous les termes inventés pour essayer de dire "ah bah tiens je suis super original". Mais ouais, electronic music c'est bien, ca fait moins peur...

Difficile en effet de nommer cette musique, mais ne prenez pas peur, téléchargez cet album! A mon avis le plus accessible

Oui en effet, c'est peut être une meilleur introduction à mon travail mais peut être que certains auront ensuite envie d'écouter ce que j'ai fait à côté... j'ai l'impression que toutes mes releases sont des sucessions de b-sides. Oui je dis b-sides à cause du fait qu'on ne va pas trouver la même identité à chaque release, un peu comme Ratatat ou Luke Vibert que tu vas reconnaitre dès le premier morceau.

Quand je vous disais qu'il se sous-estimait. Ne l'écoutez pas! Chaque release est foncièrement différente tout en gardant un son qui lui est propre. D'ailleurs commencer à écouter Kaneel par cet album est une excellente idée car ce dernier a pris le risque de mettre cet album en téléchargement gratuit. Mais alors, Kaneel ne veut pas gagner d'argent en vendant de la musique?

Je crois que je n'y ai jamais cru. Avoir un boulot et faire de la musique chez soi, c'est tellement banal partout dans le monde. J'ai l'impression que le discours "je lache mon taf pour me mettre à fond dans la zik" n'existe qu'en France.

Un discours qu'il est rare d'entendre de la part d'un artiste, un discours à contrecourant mais que beaucoup feraient bien de suivre, sans vouloir envoyer tous les musiciens devenir manager chez McDo...

Au final cet entretien me conforte dans l'idée d'un personnage à l'image de sa musique, qui a un certain soucis du détail, un peu torturé, qui se pose parfois trop de question. Here is a heart so you can remember how much I hate you révèle un peu cette contradiction entre une naïveté assumé emmenée par les mélodies et une angoisse sous-jacente venant des rythmiques. La preuve que la douceur peut sortir d'une composition des plus binaires. On retrouve un petit coté pop dans les compositions pourtant totalement électroniques et destructurée de Kaneel, de la fraicheur et des mélodies qui restent en tête. Le plus bel exemple que les machines ne sont pas si froides.

Téléchargez: Kaneel - Here is a heart so you can remember how much I hate you

J'ai finalement demandé à Kaneel de nous sélectionner 10 tracks qu'il aimerait nous faire partager.

Brothomstates - Ipxen


Certains oseraient le comparer à certains autres. Moi je dis que non.
Lassi Nikko appreciation thread.

Luke Vibert - Arrogance (sur We Hear You)


Du scat guindé avec une bassline légèrement acid? Mais complètement!
Luke Vibert est l'un des rares qui arrivent à chaque fois à m'avoir sans pour avoir autant à "inventer" quelque chose... il est juste lui et il arrive très bien à être seulement lui.

Sufjan Stevens - The Tallest Man, The Broadest Shoulders (sur Illinois)


Il y a des "chansons" pour lesquelles on serait capable d'attendre 5 minutes juste pour avoir le moment... et sa progression.
Elle en fait partie. Je pourrais nommer bien plus de ballades folk écrites par Sufjan Stevens mais c'est toujours celle là que je partage avec les gens, juste pour ce moment précis: "Oh Great Fire of Great Disaster..."

Joanna Newsom - Soft as chalk (sur Have one on me)


Je suis amoureux en presque-secret de Joanna Newsom depuis que j'ai écouté son premier album.
Quand elle a sorti "Ys", mon amour a explosé au grand jour.
Avec son dernier album, j'évite de trop en parler car cela devient terriblement déplacé.
Cette chanson est surement celle qui m'a fait le plus d'effet de tout son double album. Joanna Newsom avec des influences gospel.. oui.

MD - Kingsizebullmaster (sur Between gaps)


Surement un des musiciens qui m'aura le plus influencé ainsi que toute une génération d'utilisateurs de soundtrackers.

Ilkae - Equate With Oxen (sur stained glass piñata+ - http://ilkae.bandcamp.com/album/stained-glass-pi-ata)


Je ne sais pas pourquoi exactement, j'avais envie de partager cette track d'Ilkae même si j'en aurais plein d'autres à faire écouter ensuite.
Ah oui... la progression peut être?

Ryuichi Sakamoto - Railroad Man (sur BTTB)


Si un jour tu me vois bourré, chez moi, vers 2h du matin... il se peut que je te saoule avec cette ballade au piano de Ryuichi Sakamoto, le monsieur qui a composé "Forbidden Colours" pour le film Furyo (en version originale: "Merry Christmas, Mr. Lawrence")

Machine Drum - Jelly jelly (sur "Want to 1 2?)


TU L'AS SENS CETTE DOUCHE TIEDE QUAND LA HARPE ARRIVE?!
Juste pour ça... juste pour ça!

Mouse On Mars - Wipe that sound (sur Radical connector)


J'avais envie de mettre celle là parce qu'on a tendance un peu à oublier que danser, ce n'est pas lever sa main en direction d'un deejay... mais bien une question de déhanchement à la fois sensuel et ridicule (en tout cas, je suis bien souvent ridicule)

Mùm - The ghosts you draw on my back (sur Summer make good)


J'ai découvert Mùm après que beaucoup ait comparé mes musiques avec eux... donc je me suis mis à les écouter histoire que cette fois ci, on les nomme pour de bonnes raisons :)

C'est ce que j'avais en tête aujourd'hui, je ne pense pas avoir besoin de préciser que cela pourrait être complètement différent un autre jour mais pour aujourd'hui, c'est comme ça!